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Laurence de Terline

Chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre

La chaire de recherche, Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, s’attache à réfléchir à l’enjeu crucial des mutations écologiques et sociales, en mobilisant de manière originale les approches scientifiques, spirituelles et artistiques.

L’enjeu crucial des mutations écologiques et sociales est interrogé en profondeur pour nous permettre de transformer nos représentations de la terre et notre manière de nous y inscrire. Il s’agit là d’un enjeu civilisationnel.

Il convient pour cela de comprendre pour mieux les transformer l’ensemble des pensées, des savoirs, des représentations et des croyances qui ont conduit l’homme à concevoir la terre comme un habitacle immuable doté d’une réserve de ressources naturelles indéfiniment exploitables, et à rester insensible au « cri de la terre et des pauvres ».

Les trois années de travail menées aux côtés de Bruno Latour pour comprendre les leviers de notre « insensibilité écologique » - cette indifférence collective au sort de la terre - a constitué une première étape partagée lors du colloque international « Gaïa face à la théologie » (Collège des Bernardins, février 2020).

Aujourd’hui, le Collège des Bernardins mobilise un collectif de chercheurs – explorateurs de cette nouvelle terre - autour d’une nouvelle chaire de recherche - action - pédagogique. Leur mission sera de contribuer à renouveler nos paradigmes, nos imaginaires, nos affects afin d’apprendre à « aimer la terre et mieux l’habiter ».

Les objectifs de la chaire

- Placer les enjeux au plus haut niveau de radicalité, celui du sens ultime de l’existence.

- Mener une réflexion indépendante et non partisane : lieu historique de renouvellement des savoirs et de l’académie, le Collège des Bernardins, travaille à offrir un lieu unique de liberté, de réflexion et d’échange pour tous.

- Expérimenter des méthodes de recherche inédites :

  • Poser l’unité indissociable entre savoir, foi et art ; décloisonner les approches et fédérer des disciplines qui collaborent rarement (histoire, philosophie, droit, sociologie, histoire de l’art, géophysique, climatologie, théologie, littérature, anthropologie, art pictural, cinématographie…).
  • Penser en dehors de la société moderne par la profondeur historique et expliciter notre traitement du temps et de l’historicité.
  • Inventer un art de la description et de l’observation du monde et réhabiliter, à travers l’exercice de l’étude de terrain et les ateliers Où atterrir ?, la connaissance par enquête.
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Département
Chaire
Période
2021-2023
statut
2021-2023
EN COURS
terminé

sous la direction de

Méthode

Cette chaire a la singularité d'être une chaire de recherche-action-pédagogique.

Un séminaire de recherches, au rythme de 2 séances par mois, réunit une équipe transdisciplinaire.

Une chaire en collaboration avec :

  • les différents départements de recherche du Collège de Bernardins : Humanisme numérique, Education et transmission, Economie et société́, Ethique biomédicale, Politique et religions, La parole de l’art.
  • la recherche internationale via les réseaux des chercheurs du comité scientifique.

Des journées d’études, des colloques et des débats, ouvert au public, rythmeront le temps de la chaire ainsi que des événements insérés dans la programmation du pôle art et culture du Collège des Bernardins : concerts, expositions, performances artistiques, projections de films avec débat, lecture d’œuvres littéraires.

La publication d’articles dans des revues à comité de lecture et de livres, collectifs et individuels, ainsi que des ouvrages sont prévus pendant la durée de la chaire.

Un séjour de terrain est organisé deux fois par an pour mettre en place un nouvel art de la description et de l’observation, une méthode de redécouverte du sol et du territoire qui bouleverse les habitudes des chercheurs, des praticiens et des décideurs.

Des ateliers Où atterrir?, un exercice pour mieux habiter nos territoires, à partir de la description de nos propres conditions d'existence.

Un site de ressources en humanités environnementales sera créé pour mettre à disposition du plus large public et pour les usages pédagogiques et professionnels une bibliothèque numérique, tous supports, sur les questions écologiques.

Pendant plus de quatre ans la réflexion a été accompagnée par Bruno Latour, anthropologue et philosophe, qui nous a fait l’honneur de son amitié et de son soutien et nous regrettons sa disparition le 9 octobre 2022.

Le conseil scientifique de la chaire

Communiqué de presse

Voici le communiqué de presse de la chaire

Avec le soutien

(Re)vivez la table ronde inaugurale - 23 juin 2021

Une table ronde, animée par Olivia Gesbert, avec les interventions de Frédérique Aït-Touati, P. Olric de Gélis, Grégory Quenet, Bruno Latour, Sarah Vanuxem.

Soirée de lancement sous la co-direction du titulaire de la chaire, Grégory Quenet, historien de l’environnement, Université Saint-Quentin en Yvelines Paris-Saclay, P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins et P. Frédéric Louzeau, théologien au Collège des Bernardins.

Programme du 23 juin

18h30 - 18h45 : ACCUEIL ET INTRODUCTION

P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche, Collège des Bernardins

18h45 - 19h25 : EXTRAITS DU FILM « ARTIFICIALIS » (10'), SUIVIE D'UNE DISCUSSION ENTRE LAURENT GRASSO ET GRÉGORY QUENET

Laurent Grasso, réalisateur, artiste, cinéaste

Ce film de Laurent Grasso est une commande du Musée d’Orsay, en lien avec l’exposition Les origines du monde, L’invention de la nature au XIXe siècle (15 décembre 2020 – 02 mai 2021). « Film machine, présenté sur un écran machine, [un] film qui s’écrirait, évoluerait et se réagencerait tel un code, puisant dans le monde comme dans une base de données et faisant émerger les spectres de lieux symptomatiques d’un impact ou d’une ingénierie de l’homme sur les milieux », ce film prend acte de l’épuisement de la distinction entre nature et culture.

Par l’intégration ponctuelle d’effets spéciaux, il se dégage une forme d’ambiguïté dans l’image dont le sens ne se donne pas immédiatement entre le naturel, l’artificiel et le fictionnel. Montrant des sites où la nature a muté suite à des catastrophes, ainsi que les régions polaires en pleine redéfinition, l’artiste donne à voir un monde post-Anthropocène où la nature a été transformée par l’être humain. Les images d’aujourd’hui ne sont pas éloignées de celles présentes dans l’exposition, mais obtenues avec les outils les plus contemporains, tels les scanner Lidar.

19h25 - 20h30 : TABLE RONDE

Avec l’intervention des chercheurs de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la terre et animée par Olivia Gesbert, journaliste à France Culture.

  • Frédérique Aït-Touati, historienne des sciences et metteure en scène; chargée de recherche, CNRS, CRAL/EHESS, Paris
  • P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche, Collège des Bernardins
  • Grégory Quenet, historien de l’environnement, Université Saint-Quentin en Yvelines Paris-Saclay, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins
  • Bruno Latour, philosophe ; professeur émérite, Institut d’Études Politiques, Paris
  • Sarah Vanuxem, maîtresse de conférences en droit privé, Université de Nice Sophia Antipolis
20h30 - 20h45 : QUESTIONS DU PUBLIC
Séminaire 2021 – Le temps

De mars à décembre 2021 de la première année de la chaire, les séances de recherche sont dédiées au thème du temps, avec les interventions de Jean-Jacques Barbéris (Amundi),Alban Bensa (EHESS), Bernadette Bensaude-Vincent, Dipesh Chakrabarty (Université de Chicago), Jérôme Gaillardet (IPGP), François Hartog (EHESS), Augustin Landier (HEC Paris), Bruno Latour (Sciences Po), Jean-Luc Marion (Académie Française), Nathalie de Noblet (CEA), Bas Smets..:

  • Séance 1 : LES TEMPS, LES LIEUX, LE COMMUN

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins et professeur des Universités en histoire de l’environnement à l’université de Versailles Saint-Quentin Paris-Saclay

Le constat est fait que nous sommes en train de sortir du présentisme. Le constat avait été dressé par François Hartog dans les années 1990, notamment parce que la Terre devient, selon les termes de Bruno Latour, une puissance d’historicisation, faisant surgir des discontinuités et des bornes qui polarisent le temps, où passé, présent et futur sont désorientés par un futur déjà là.

Or, si le temps ne figure pas au premier plan de l’argumentation dans les débats écologiques, le séminaire se propose de faire la proposition inverse et d’accorder une place centrale à cette question, en la considérant comme la condition sine qua non pour affronter la crise écologique. Dès lors, la question principale est : faut-il réorienter le temps et comment ? De cette interrogation, découlent trois problématiques : pourquoi le temps est-il devenu central ? Quelles sont les conditions d’une intelligibilité historienne du temps ? Quels sont les rapports entre l’histoire et le sol ?

Grégory Quenet est agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne sous la direction de Daniel Roche (Collège de France). Il est l’un des pionniers de l’histoire environnementale en France.

Quelques publications :

  • Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, éditions Champ Vallon, 2005
  • Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? éditions Champ Vallon, 2014
  • Versailles, une histoire naturelle, éditions La Découverte, 2015

  • Séance 2 : L’OCCIDENT AUX PRISES AVEC LE TEMPS

François Hartog, directeur d’études retraité de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales

Le « régime chrétien d’historicité » se définit par un présentisme, c’est-à-dire que le présent est la catégorie dominante, mais il s’agit d’un présentisme singulier puisqu’il est de nature apocalyptique. Le temps chrétien est donc une manière singulière d’articuler Chronos, Kairos et Krisis. Il est fort différent du présentisme contemporain puisque le maintenant est aimanté par le double concept Kairos et de Krisis.

Après avoir présenté les trois opérateurs temporels jouant un rôle central dans la période s’échelonnant entre le Ve et le XIIIe siècle – l’accomodatio, la translatio et la reformatio –, François Hartog s’interroge sur ce que serait un régime anthropocénique d’historicité, qui désignerait moins cette énième fin de l’histoire prophétisée par les collapsologues que la possibilité d’une réouverture de l’histoire vers quelque chose qui pourrait être un nouveau concept d’histoire autour de la notion de « simultané du non-simultané ».

L’effacement du régime moderne d’historicité et de son temps orienté vers le futur a ouvert un espace au présentisme et, du même coup, à une multitude de temporalités discordantes et donc à un nombre croissant d’occurrences du « simultané du non-simultané ».

François Hartog, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé d’histoire, ancien pensionnaire de la Fondation Thiers et docteur ès Lettres.

Quelques publications :

  • Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, éditions Seuil, 2003
  • Anciens, modernes, sauvages, éditions Galaade, 2005
  • Chronos. L’Occident aux prises avec le temps, éditions Gallimard, 2020

  • Séance 3 : TEMPS ET HISTOIRE CHEZ PHILIPPE DESCOLA

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins et professeur des Universités en histoire de l’environnement à l’université de Versailles Saint-Quentin Paris-Saclay

Après les ratés de la rencontre entre l’anthropologie structurale et l’histoire du temps de Claude Lévi-Strauss, la réception de l’œuvre de Descola a été intense et fructueuse chez les historiens (sinologues, antiquisants, médiévistes ou modernistes) qui y ont vu la possibilité de relativiser le partage nature/culture. Grégory Quenet rappelle dans cette séance que cette lecture a autant libéré les historiens qu’elle ne les a entravés.

Cependant, le débat contemporain sur les enjeux climatiques et écologiques a rebattu les cartes. Il a montré les évolutions de Descola sur la question du temps, car l’Anthropocène l’a fait passer d’un rapport distant à l’histoire, à la conscience d’une rupture historique majeure n’épargnant aucun peuple de la planète. Par ailleurs, outre les modes de relation et d’identification structurant les pratiques sociales chez Descola, cinq autres modes permettent de rendre compte de la richesse des expériences humaines : la temporalité, la spatialisation, la figuration, la médiation et la catégorisation. La prise en compte de sept modes de schématisation dessert l’étau ontologique et ouvre la gamme des manières d’être au monde, rééquilibrant les modes de penser par les pratiques sociales.

Si les combinaisons ontologiques sont plus réduites, les situations et les expériences humaines sont infiniment plus variées et appellent un type d’intelligibilité qui n’est pas celui d’une anthropologie structurale. C’est à ce niveau que se situent l’historicité comme conscience critique des effets sur les êtres environnants, et l’histoire comme d’intelligibilité des sociétés dans le temps. De l’historicité à l’histoire s’affirme donc le projet d’une intelligibilité des changements et des évolutions, des ressemblances et des différences. Pour incorporer les dynamiques environnementales et climatiques dans l’histoire humaine, cette analyse pourrait conjuguer trois perspectives : le jeu différentiel des temporalités, les champs de force et les échelles du monde, les modalités de l’échange.

  • Séance 4 : RÉGIMES DE TEMPORALITÉ ET CRISE SPATIALE

Bruno Latour, anthropologue et philosophe, professeur émérite associé au médialab de Sciences Po

Bruno Latour rappelle que le temps est une particularité locale des vivants et non pas un thème ontologique que l’on pourrait étendre et dont on pourrait remplir le monde. Il s’agit d’un point important, car ce basculement du vecteur chronologique au vecteur topologique exige une certaine relocalisation (voire provincialisation) de la notion de temps. Cette provincialisation s’attaque au régime chrétien d’historicité, qui est ce que la chrétienté a fait au cadre de réflexion sur le temps. Le troisième point tient à l’irruption de la question écologique et du régime anthropocénique d’historicité, à un moment où la connaissance que nous avons de l’autorégulation qu’est Gaïa reste obscure, de la même manière que notre philosophie de l’espace reste appauvrie pour penser aussi bien topos que chronos.

La tâche historiographique est de comprendre l’originalité de cette situation, mais c’est l’une des grandes difficultés de la question écologique, car nous sommes insérés dans une « machine à laver » dont nous ne pouvons-nous échapper, dont la teneur et le maintien dépendent de milliards d’êtres. Cette perspective offre à la foi chrétienne une occasion de sortir de son obsession pour l’interprétation des notions de proche, de présent, de fin, de finalité, d’eschatologie et d’apocalypse rapportés au schème temporel, ce qui ouvre à la spiritualité une occasion passionnante.

Bruno Latour enseigne toujours dans le programme expérimental arts et politiques (SPEAP) de Sciences Po.

Il a été commissaire avec Martin Guinard de deux expositions Zones Critiques, l'une à ZKM en mai 2020 Critical Zones, Observatories for Earthly Politics (qui fermera en Janvier 2022) et l'autre en Novembre 2020 pour la Biennale de Taipeh « You and I don’t live on the Same Planet » qui a fermé en février 2021.

Il a reçu le prix Holberg en 2013, et Kyoto en 2021 et il est membre de plusieurs académies étrangères.

Quelques publications :

  • Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, éditions La Découverte, 1991
  • Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, éditions La Découverte, 1999
  • Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, éditions Empécheurs de penser en rond, 2015
  • Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, éditions La Découverte, 2017

  • Séance 5 : LA SITUATION DE LA CRISE ÉCOLOGIQUE DANS UN MOMENT DE NIHILISME

Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française, Chevalier de la Légion d’honneur et Officier des Palmes académiques

La crise écologique constitue une des preuves les plus patentes de la fin de la métaphysique. Elle accomplit en effet la disqualification de l’un des trois « objets » privilégiés de la metaphysica specialis, c'est-à-dire la theologia rationalis, la psychologia rationalis et la cosmologia rationalis. Cela a pour conséquence de nous faire perdre l’accès à ce que l’on nommait nature, mais aussi de provoquer une résistance du monde lui-même, faisant réapparaître les objets sans pouvoir les recycler (en les faisant donc surgir comme des déchets).

Le temps commande, et ne peut se prolonger indéfiniment, du moins dans les conditions que la technique permet de concevoir et de prévoir : les ressources naturelles et l’énergie disponibles restent finies, donc s’épuisent, tandis que la croissance voudrait continuer à s’accroître sans autre but ni signification que sa propre abstraction. Notre monde et donc notre temps n’ont pas la promesse de l’éternité. La crise écologique n’attend pas et finira, avec ou sans nous, notre histoire. Il faudrait donc, pour affronter lucidement la crise écologique, ne plus penser le monde dans l’horizon spatial (supposé infini) de la production et reproduction d’objets immatérialisés, mais selon la dimension historique (et donc finie) du monde des choses – seule à même de considérer ce qui, aujourd’hui, s’exclut sous le titre des déchets.

Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de philosophie, Jean-Luc Marion a été professeur à l’université de Poitiers, de Nanterre puis de Paris-Sorbonne.

Quelques publications :

  • Prolégomènes à la charité, éditions de La Différence, 1986
  • Étant donné. Essai d’une phénoménologie de la donation, Presses Universitaires de France, 1997
  • Certitudes négatives, éditions Grasset, 2010

  • Séance 6 : LES TEMPS DE LA NATURE

Nathalie de Noblet, directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies (CEA) où elle a la responsabilité d’une équipe des sciences du climat et de l'environnement

Jérôme Gaillardet, professeur de sciences de la Terre à l'institut de Physique du Globe de Paris et membre de l'institut Universitaire de France

Nathalie de Noblet évoque d’abord les différents facteurs influençant l’évolution du climat mondial à différentes échelles de temps. Elle aborde ensuite les transformations du climat à l’échelle régionale au siècle dernier, avant de traiter des réponses des écosystèmes au climat ainsi que la manière dont ils influencent le climat. Enfin, elle évoque le futur et les choix de société qui s’offrent à nous.

Dans son intervention, Jérôme Gaillardet montre que deux types de temps existent en géologie : le temps absolu et le temps relatif, auquel il faut également adjoindre le temps de résidence, c'est-à-dire le temps moyen passée par une particule dans un système dynamique.

Docteure de l’Université Pierre et Marie Curie, habilitée à diriger des recherches, Nathalie de Noblet est directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies (CEA), où elle a la responsabilité d’une équipe des sciences du climat et de l'environnement. Elle est également membre du conseil scientifique du programme international GEWEX (les questions associées à « L'EAU »), présidente du comité d’orientation stratégique de l’unité de service de l’INRA AGROCLIM, membre du conseil scientifique international de la PME Kinomé (conduite des projets de reforestation en zone tropicale semi-aride).

Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l'institut de Physique du Globe de Paris et membre de l'institut Universitaire de France. Géochimiste, il conduit des recherches permettant d'explorer le cycle biogéochimique des éléments chimiques à la surface de la Terre et leur évolution temporelle ou dans l'anthropocène. Il est co-responsable de l'infrastructure nationale de recherche OZCAR fédérant des observatoires pérennes de la Zone Critique de la Terre.

  • Séance 7 : QUE SERAIT UN TEMPS ÉCOLOGIQUE ? SE RENDRE CONTEMPORAINS DU NON CONTEMPORAIN OU D’UNE VOCATION DES MODERNES

Pierre-Yves Condé, maître de conférences en science politique, Université de Bourgogne ; attaché au Centre de recherche et d’étude en droit et science politique (CREDESPO)

Après avoir rappelé trois points d’ancrage du séminaire – la présentation de Dipesh Chakabarty par Grégory Quenet concernant la responsabilité nationale de l’Inde, un échange entre le père Frédéric Louzeau et Grégory autour de la possibilité d’une synthèse et la possibilité qu’offre l’Anthropocène à la politique moderne de se renouveler –, Pierre-Yves Condé développe cinq thèses : la modern-ité est un régime d’historicité ; être Moderne signifie une certaine manière de se temporaliser soi-même et les autres ; se rendre contemporains de non-contemporains ; la vocation des Modernes fait écho à un kérygme ; la situation actuelle nécessite un projet d’intelligibilité de « sciences morales et politiques » renouvelé.

Pierre-Yves Condé a soutenu une thèse sur la justice internationale et travaille sur l’histoire du droit international et ses transformations par la décolonisation et face aux changements climatiques.

Quelques publications :

  • Des juges à La Haye : formation d'une judiciabilité universaliste, des amis de la paix à la lutte contre l'impunité, thèse en 2012
  • Sous la direction de Pierre-Yves Condé, Civils et combattants : formes de la guerre et épreuves judiciaires internationales, 2013

  • Séance 8 : THE CLIMATE OF HISTORY IN A PLANETARY AGE

Dipesh Chakrabarty, historien, professeur émérite, Université de Chicago

Dipesh Chakrabarty a largement contribué aux études postcoloniales indiennes et aux subaltern studies. Il est le lauréat du prix 2014 de la Fondation Toynbee pour ses contributions à l'histoire globale et du prix 2019 du mémorial Tagore décerné par le gouvernement du Bengale occidental pour son livre The Crises of Civilization.

  • Séance 9 : FINANCE ET CLIMAT

Jean-Jacques Barbéris, directeur du pôle Clients institutionnels et Corporates, Amundi

Augustin Landier, professeur de Finance, HEC

Jean-Jacques Barbéris évoque la manière dont les opérateurs financiers construisent la dimension du temps et comment le système financier cherche à intégrer les enjeux climatiques dans leurs activités. Cette prise en considération des questions liées au climat a longtemps été occultée par la finance, avant de surgir à partir de la conférence de Copenhague en 2009, de mûrir avec les accords de Paris en 2009, puis de s’imposer à la conférence de Glasgow en 2021.

Si la problématique climatique s’est désormais imposée dans l’agenda international, elle l’a été avec des degrés de maturation différents selon les régions du monde et au prix du dépassement de plusieurs obstacles inhérents à la temporalité du système financier et des investisseurs, car ces derniers ont dû composer avec un risque d’un ordre nouveau. Le secteur financier commence à intégrer ce qui relève de l’extra-financier dans l’appréciation des entreprises, à l’image de l’ESG, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance selon lesquels les entreprises sont évaluées au-delà de leurs seules exigences de responsabilités, ou encore à l’image du désinvestissement mené par Amundi dans les secteurs du charbon ou du pétrole non conventionnel. Mais si le secteur financier peut enclencher des dynamiques vertueuses, le sujet ne peut, selon Jean-Jacques Barbéris, être traité exclusivement par ce secteur sans intervention publique réglementaire ambitieuse.

Augustin Landier traite ensuite de la question du changement de paradigme autour du débat stakeholders/shareholders. Alors qu’auparavant, le paradigme dominant était celui de la shareholder value paradigm selon lequel l’actionnaire doit avoir du pouvoir pour maximiser la valeur des actions, il existe une forte remise en question de cette vision et une demande pour la prise en considération des paramètres moraux et éthiques.

Jean-Jacques Barbéris est directeur du pôle Clients Institutionnels et Corporates chez Amundi. De 2013 à 2016, il a été conseiller aux Affaires Économiques et Financières au cabinet du Président de la République française. Il a débuté sa carrière à la Direction Générale du Trésor de 2008 à 2012. De 2012 à 2013, il a été membre du cabinet de Pierre Moscovici, Ministre de l'Économie et des Finances, chargé des aspects de financement de l'économie. Il est ancien élève de l'École Nationale Supérieure des Lettres et Sciences Humaines, de l'École Nationale d’Administration, agrégé d’histoire et diplômé de l'Institut d’Études Politiques (Paris)

Augustin Landier est actuellement professeur de Finance à HEC. Il était précédemment professeur à Toulouse School of Economics. Docteur en économie du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Augustin Landier a enseigné à New York University (2004-2009), à l’Université de Chicago (2004-2009), a été chercheur résident au FMI (2009) et professeur invité à Princeton (2013) et Harvard Business School (2016). Entre 2009 et 2016 il a été membre du Conseil d’Analyse Économique, organe qui conseille le Premier Ministre. Ses recherches portent sur la finance d’entreprise, l’économie comportementale, la gestion d’actifs, la théorie des organisations, l’économie bancaire.

  • Séance 10 : TEMPS-PAYSAGE. UNE AUTRE MANIÈRE D’AFFRONTER LES CRISES

Bernadette Bensaude-Vincent, professeure émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, historienne et philosophe des sciences et techniques

La multiplication des crises écologique, climatique, sanitaire alimente l’angoisse de la fin des temps, de l’apocalypse ou du collapse de l’humanité. La crise n’invite-t-elle pas plutôt à modifier notre façon d’être au monde, et en particulier notre rapport au temps ? Déjà l’événement géohistorique de l’Anthropocène montre l’interdépendance entre l’histoire humaine et la longue histoire de la Terre. Mais la répétition des crises invite à aller plus loin, à dépasser le temps chronologique pour ouvrir les yeux sur les temporalités multiples et enchevêtrées des êtres qui habitent la Terre. Chronos est un instrument d’uniformisation, de domination qui nous rend aveugles aux multiples temporalités. Le temps qui passe et le temps qu’il fait désignent au fond les mêmes choses : ce sont des assemblages enchevêtrés de temporalités hétérogènes. Il faut donc apprendre à composer des temps-paysages pour en finir avec les appels à l’urgence et se recentrer sur un présent dense et touffu, un moment unique riche de potentiels. Il s’agit dès lors de préférer kairos à chronos pour plonger dans l’immanence du temps afin d’en saisir toute la richesse.

  • Séance 11 : LE PAYSAGE AUGMENTÉ

Bas Smets, architecte paysagiste

Durant cette séance, Bas Smets présente cinq projets qu’il a menés à Himarë (Albanie), Bruxelles, Londres, La Défense et Arles. Selon lui, le paysage doit être compris comme l’imagination du pays, ce dernier étant le point de départ d’une dialectique présent/imaginé. Cette démarche doit beaucoup à son dialogue avec Alain Roger, mais aussi à son interprétation de la peinture de paysage depuis la Renaissance et à la lecture d’Alexander von Humboldt. Ses projets présentent les caractéristiques communes de partir des spécificités naturelles du site, de désartificialiser la voirie et le territoire, mais aussi de lutter contre les îlots de chaleur urbains et de favoriser la succession écologique.

Le Bruxellois Bas Smets s’impose parmi les paysagistes européens les plus présents dans l’urbanisme. En France, il a livré en 2020 l’aménagement paysager de la Part-Dieu à Lyon, d’une partie de la dalle de La Défense, du quartier Chapelle international à Paris et, en 2021, le jardin de la fondation Luma à Arles. Sa conception du paysage augmenté – ne pas imiter la nature, mais utiliser ses logiques pour produire un territoire – repose sur une approche extrêmement originale de l'augmentation des différentes temporalités du paysage.

  • Séance 12 : TEMPS, CLASSES ET GENRES DE VIE

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins et professeur des Universités en histoire de l’environnement à l’université de Versailles Saint-Quentin Paris-Saclay

Le temps de la modernité industrielle est intimement lié aux classes sociales qui incarnaient à la fois l’idée d’un destin collectif, un projet de transformation et le sens de l’histoire. Or, les préoccupations écologiques se sont développées dans le contexte de la fin du caractère structurant de la lutte des classes comme opérateur historique, de diffraction des rapports au monde qui passe par le sensible et la diversité des attachements matériels.

Cette intervention propose de réexaminer cette question en passant par une notion oubliée et peu connue, celle des genres de vie. Vidal de la Blache a proposé ce concept en réponse aux critiques des durkheimiens, comme un moyen de mieux lier le sol et les sociétés que ne le faisait la géographie. Si les genres de vie n’ont eu aucune postérité chez les géographes, c’est ce qui a le plus attiré l’attention de Marc Bloch dans sa lecture de Vidal de la Blache, au point de lui donner un plus large contenu social, étendu aux structures familiales, au droit et à la culture. La portée de ces arguments n’est pas seulement historiographique car, si la grande accélération de l’après 1945 et plus encore à partir des années 1970, a triomphé, c’est par sa capacité à modifier profondément les genres de vie et à donner le désir de se détacher de la terre. C’est donc une invitation à retourner cet outil contre l’insensibilité écologique pour repérer et précipiter des genres de vie écologiques.

  • Séance 13 : LA MAILLE DE L’HISTOIRE. RÉFLEXIONS SUR LA SAISIE DES TEMPS TRÈS LONGS

Audrey Rieber, maîtresse de conférences en philosophie à l’ENS de Lyon.

L’une des tâches de l’historien qui est d’ordonner choses et événements dans un tout cohérent prend un tour dramatique dès lors qu’il se penche sur des temporalités préhistoriques où les problèmes de méthode suscités par la très longue durée sont aiguisés par les lacunes irréductibles du matériau retrouvé. Comment penser une telle histoire qui semble échapper à nos cadres ? Pour esquisser une réponse, nous prendrons pour fil conducteur les réflexions de George Kubler dans The Shape of Time. Remarks on the History of Things (1962). En tant que spécialiste de l’art précolombien et ibéro-américain, il a été amené à théoriser différentes « formes du temps » à même de saisir les choses dans les mailles de l’histoire. « Le sujet de l’histoire est le temps », affirme-t-il. Les modèles qu’il esquisse ont été soumis à discussion en dialogue avec l’historiographie de l’art de son temps (Erwin Panofsky, Henri Focillon) et aussi avec les théories anthropologiques, biologiques et mathématiques qui lui sont contemporaines. Des notions comme celle de « séquence » ou des théories comme celle, « mathématique des graphes » fournissent peut-être des outils capables d’appréhender la démesure du temps préhistorique ou plus généralement de temporalités excessivement ouvertes et désordonnées.

  • Séance 14 : TEMPS « CHRÉTIEN » ET RÉGIME ANTHROPOCÉNIQUE D’HISTORICITÉ

P. Frédéric Louzeau, philosophe et théologien.

Pour apercevoir en quoi la réflexion sur le temps « chrétien » rencontre les débats sur le régime anthropocénique d’historicité (Hartog), il est important de revenir sur une affirmation courante selon laquelle le temps chrétien prend la forme d’une flèche orientée vers l’avenir. Frédéric Louzeau a présenté d’abord les arguments en ce sens d’un théologien protestant, Oscar Cullmann (1902-1999), prenant appui sur un ouvrage fameux de 1946 : Christ et le temps. Puis il a montré, grâce aux travaux d’un philosophe et théologien catholique, Gaston Fessard (1897-1978), comment le schéma du temps chrétien doit être modifié et complété. Enfin, à l’aide du nouveau schéma, il a essayé d’établir quelques rapprochements entre le temps des géologues/géochimistes (J. Gaillardet), le temps des historiens des sociétés (G. Quenet), et le temps des philosophes (B. Latour).

P. Frédéric Louzeau (né en 1968) est philosophe et théologien. Professeur à la Faculté Notre-Dame et membre de la Chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins (Paris). Ses travaux portent sur l’anthropologie philosophique, la philosophie et la théologie politique.

  • Séance 15 : LE KÉRYGME DE LA TERRE, ET LA QUESTION DE DIEU

P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins.

En tant que concept relatif à un acte de langage (comme prédication ou annonce), le « kérygme » désigne une manière tout à fait singulière (biblique) de dire et d’écrire l’histoire. Cette manière d’historiographie, qui a fait l’objet d’une nouvelle enquête réflexive de la part de la théologie entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, se caractérise en particulier par l’enregistrement, comme agent de l’histoire humaine, d’un acteur par définition supra-historique (Dieu), et par l’explicitation (annonce) de ce que cela change en conséquence pour le devenir humain.

La question qui mobilisera notre réflexion sera de savoir ce qu’une telle historiographie peut formellement proposer à ces nouvelles manières d’écrire l’histoire à l’heure de l’anthropocène, alors même qu’une agency inattendue fait irruption dans l’histoire du monde ; et réciproquement, ce que viennent mettre en lumière du kérygme biblique ces historiographies anthropocéniques. Notamment, nous proposerons de voir comment le schème fondamental qui régit le kérygme biblique comme historiographie, en accentuant les termes spatiaux qu’il mobilise, peut offrir à l’historiographie anthropocénique des ressources pour se formuler à son tour non plus seulement comme historiographie des « cènes » mais, justement, comme un « kérygme » relayant une « clameur » (cf. Laudato Si’ n°49).

P. Olric de Gélis est docteur en théologie et directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins et de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre. Il a publié en 2020 Existentia Christi. Etude du concept de vérité dans la Dogmatique Ecclésiale de Karl Barth.

Séminaire 2022 – Les lieux

Pour cette seconde année, les séances de recherche vont s'intérésser aux lieux et non pas à l'espace, avec les interventions de notamment Eduardo Viveiros de Castro, Deborah Danowski, Philippe Descola, Jacques Trublet..

  • Séance 1 : INTRODUCTION

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la terre, du Collège des Bernardins et professeur des Universités en histoire de l’environnement à l’université de Versailles Saint-Quentin Paris-Saclay

La proposition de cette deuxième année est de s’intéresser aux lieux et non pas à l’espace. C’est une proposition qui peut paraître étonnante et sembler être une régression. En effet, la géographie vidalienne était une science des lieux, mais sans capacité à monter en généralité, ce qui a d’ailleurs été tourné en dérision par les historiens : n’est-ce donc pas faire un pas en arrière ? N’est-ce pas revenir à une simple science de la description ?

Or, le projet de cette deuxième année du séminaire est un projet très différent de la géographie vidalienne, car il s’agit d’un projet d’une histoire planétaire à échelle réduite. Comment en écrire l’histoire ? Cette introduction vise d’abord à poser le concept de lieux – par distinction avec l’espace – en passant par une étude des mots et par une étude étymologique, avant d’étudier les implications de la notion en recourant à l’Anglais avec le terme de place, mobilisé notamment par l’histoire environnementale américaine. Cela qui permet de revenir dans un troisième temps au projet des lieux en relisant le concept d’espace dans les sciences sociales. Enfin, il s’agit en conclusion de se demander comment passer d’un lieu à un autre et comment traverser les lieux.

Grégory Quenet est agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne sous la direction de Daniel Roche (Collège de France). Il est l’un des pionniers de l’histoire environnementale en France.

Quelques publications :

  • Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, éditions Champ Vallon, 2005
  • Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? éditions Champ Vallon, 2014
  • Versailles, une histoire naturelle, éditions La Découverte, 2015

  • Séance 2 : LA PLACE DES LIEUX DANS LES TRAVAUX DES DOCTORANTS

Cette séance a consisté en une discussion collective où chacun des participants a interrogé et expliqué comment il aborde ou a abordé la question de l’espace dans son travail, les problèmes et les questions rencontrés : l’espace de l'historien est-il du temps solidifié, c’est-à-dire procédant d'un usage méthodologique qui fait varier les découpages spatiaux en fonction de la question historique posée ? Ou bien cet espace est-il structurant en lui-même, gros de potentialités et de processualités ?

  • Séance 3 : RÉFLEXIONS CROISÉES AUTOUR DES SOLS

Matthieu Duperrex (laboratoire Inama), maître de conférences en sciences humaines, École nationale supérieure d’architecture, Marseille.

Christophe Schwartz, docteur en sciences agronomiques, professeur, Université de Lorraine.

Christophe Schwartz
Sols des villes et sols des champs

Les sols urbains, longtemps ignorés au profit des sols agricoles et forestiers, font aujourd’hui l’objet d’un intérêt croissant. D’une réactivité chimique et sociologique très forte, les sols des territoires très anthropisés sont en effet au cœur d’enjeux sanitaires, environnementaux, fonciers et économiques majeurs. La ville a incontestablement besoin de sols fonctionnels, compartiments essentiels des écosystèmes urbains. Un enjeu est alors d’intensifier la prise en considération des sols dans la fabrique urbaine, ces sols volumes vivants et potentiellement fertiles. Il apparaît ainsi nécessaire de dépasser une vision des sols quasi-exclusivement foncière, de surface. Le concept de service écosystémique rendu par les sols est alors proposé comme un point de convergence et un élément de langage commun, compréhensible et appropriable par l’ensemble des acteurs qui font et habitent la ville. Il est temps de faire évoluer les représentations du sol et faire se rencontrer sols des villes et sols des champs.

Ensauvagement des eaux, complainte des sols
Matthieu Duperrex

Inquiétude dans les paluds vénitiens, destinée rongeuse des littoraux de Louisiane, métamorphoses critiques de l’étang de Berre… Lors de cette présentation illustrée où les territoires et les temps s’entremêlent, Matthieu Duperrex esquisse sa théorie du paysage contemporain dans un contexte de bouleversements écologiques. La philosophie, l’écriture, les arts doivent aujourd’hui répondre à l’enjeu d’une double esthétique de l’Anthropocène, laquelle relève autant d’une « tragédie du paysage » que d’une hypoesthésie de notre appareil de sensibilité : comment sentir ce qui nous arrive, à nous les vivants ? Si le paysage désigne une certaine épiphanie culturelle autant qu’environnementale de nos milieux habités, de quelle fabrique interne et de quelles puissances vitales peut se revendiquer notre paysage « altéré », diminué, souillé, pollué ?

Matthieu Duperrex est l’auteur d’une thèse en arts plastiques consacrée aux relations de l’art contemporain et de l’Anthropocène : Arcadies altérées (2018). Artiste et théoricien directeur artistique du collectif Urbain, trop urbain, ses travaux procèdent d’enquêtes de terrain sur des milieux anthropisés et croisent littérature, sciences-humaines et arts visuels.

Quelques publications :

  • Shanghai Nø City Guide (Toulouse, Urbain, trop urbain, 2012)
  • Micromegapolis, lorsqu’une ville rencontre Gaïa (Toulouse, Urbain, trop urbain, 2013
  • Périphérique intérieur (Marseille, Wildproject, 2014)
  • Voyages en sol incertain, enquête dans les deltas du Rhône et du Mississippi (Marseille, Wildproject ; La Marelle, 2019)
  • Soulèvements, subversions, refuges (Paris, Techniques & Culture, 2020)
  • Fos - Étang de Berre. Un littoral au cœur des enjeux environnementaux (Aix-en-Provence, Rives méditerranéennes, 2021)
  • La rivière et le bulldozer (Paris, Premier Parallèle, 2022)

Christophe Schwartz,, docteur en sciences agronomiques, est professeur à l’Université de Lorraine où il dirige le laboratoire Sols et Environnement.

Séminaire 2023 - Le commun

Pour cette troisième année, la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre s'attache à réfléchir à comment faire émerger du commun à partir d'un monde fragmenté en lieux définis par leur singularité matérielle et culturelle. Fidèle à sa méthode radicale, la chaire ne commence pas par des propositions pratiques mais par le travail conceptuel et théorique qui seul permettra de les faire émerger : comment penser un temps commun à tous les existants à travers l'histoire, la responsabilité, les théories de la forme, le mythe et l'analogie ?

Avec les interventions de : Grégory Quenet (Université Paris-Saclay), P. Olric de Gélis (Collège des Bernardins), Carole Maigné (Université de Lausanne), Antonin Potier (EHESS)..

Séance 1 : Pour un temps commun entre les existants de la terre

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins et professeur des Universités en histoire de l’environnement à l’université de Versailles Saint-Quentin Paris-Saclay.

Les communs sont une forme particulière du gouvernement de la nature, un ensemble riche et important. Ici, quand on parle du commun, ce n’est pas chercher un modèle localisé de gestion idéal des ressources de la nature, mais de penser comment composer un monde commun entre tous les existants. Dans l’encyclique Laudato si’, du pape François, l’idée d’une fraternité universelle entre des êtres de nature différente est présente. Le commun peut être considéré comme un temps commun à des temporalités différentes. Il s’agit de penser un universalisme latéral étendu à l’ensemble des existants.

Séance 2 : Mesurer le carbone, attribuer une responsabilité

Antonin Potier, maître de conférences de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, chercheur au Centre International de Recherche pour l'environnement et le développement (CIRED, Paris) et au Centre Marc Bloch (CMB, Berlin).

Depuis la négociation de la Convention-cadre des Nations unies pour le changement climatique (CCNUCC), la mesure des émissions de gaz à effet de serre a partie liée avec l'imputation de responsabilités. Compter les émissions d'un pays c'est porter, nolens volens, un certain regard sur la responsabilité historique de ce pays dans le changement climatique. Le regard se porte de plus en plus souvent au sein des pays, avec des mesures des émissions des individus, mais la problématique reste identique: mesurer les émissions présuppose une perspective sur la responsabilité des agents. Nous exposerons quelques manières de compter individuellement les émissions et les principes de responsabilité afférents. Nous discuterons quelques problèmes statistiques impliqués dans ce comptage et soulignerons le caractère arbitraire, d'un point de vue normatif, de ces manières de quantifier la responsabilité.

 

Antonin Potier s'intéresse aux conséquences socio-économiques du changement climatique et de sa limitation, à l'histoire de la pensée économique et de ses liens avec l'environnement, au rôle de la discipline économique dans la décision publique.

Dans Comment les économistes réchauffent la planète (Seuil, 2016), il a étudié le diagnostic du changement climatique posé par la littérature économique et les solutions qu'elle propose.

Ses recherches les plus récentes explorent les intrications entre transition écologique, justice sociale et inégalités. Il a coordonné l’ouvrage Faire l’économie de l’environnement (Presse des Mines, 2020, avec E. Chiapello et A. Missemer), ainsi que Concilier économie et écologie: les textes fondateurs du CIRED (Presse des Ponts, 2023).

 

Séance 3 : Les temps communs de la culture

Carole Maigné, professeure de philosophie, Université de Lausanne

La question qui sera posée est celle de la portée anthropologique et politique du temps dans la philosophie de la culture de Ernst Cassirer. Saisi sous le prisme de la culture, le temps est bien un temps du commun, un temps collectif. Mais c’est un temps déployé selon des formes symboliques (art, connaissance, mythe…) car l’homme n’est pas tant rationnel qu’il n’est« animal symbolicum ». L’activité symbolique est morphologique, ces formes sont autant de mises en forme du monde, si bien que la culture n’est pas un contenant mais l’articulation même de ces formes les unes aux autres. L’appréhension du temps se complexifie alors : il se pluralise selon ces formes, il n’est pas partout le même temps tout en étant bien le temps de tous et de chacun. À ceci s’ajoute l’absence de téléologie de l’histoire, ce qui fait que Cassirer assume une fragilité de la culture qui va jusqu’à la possibilité qu’elle se transforme par déformation, voire qu’elle ne soit plus. A ce titre, le temps du mythe semble bien défaire les temps des autres formes que sont l’art et la connaissance. La morphologie de la culture que défend Cassirer n’est pourtant pas pessimiste ni fataliste, mais parie constamment sur la possibilité de temps pluriels. Il est ainsi intéressant de confronter Cassirer à l’idée de crise et plus encore à celle du catastrophisme qui semble si prégnant aujourd’hui. 

 

Les champs de recherches de Carole Maigné concernent la philosophie de la culture, l’esthétique et la philosophie de l’art.

Elle a récemment publié 

1.      Nature and Function of Philosophy in Gilbert Simondon, J. Alioui, M. Amat, C. Maigné(dir.), publication acceptée chez Schwabe Verlag, soumission FNS

2.      « Philosophie de la photographie », dossier thématique sous la direction de C. Maigné, Archives de philosophie, 2022, n°85-1 

3.      Robert Klein, Essai sur la Responsabilité, Institut National d’Histoire de l’Art, C. Maigné et J. Koering (éd.), INHA, 2022 

4.      Philosophie de la cultureTextes clés, M. Amat et C. Maigné (dir.), Vrin, 2022.

 

Séance 4 : L’analogie comme langage du commun

P. Olric de Gélis, professeur en théologie dogmatique et fondamentale (cours et séminaires sur la Création, la christologie, la Trinité, les sacrements, etc.). Docteur en théologie (2018).

L’analogie :sujet immense au sein de la théologie, sans cesse repris et développé au cours des siècles ! Son histoire s’étend depuis la reprise patristique des racines aristotéliciennes et platoniciennes, en passant par les élaborations techniques de la théologie médiévale non-nominaliste (au XIIIe siècle), les reconfigurations de la modernité métaphysique (Suarez, Wolff, …),les débats protestants-catholiques d’une certaine Kulturtheologie d’entre-deux-guerres(Karl Barth, Erich Przywara, …), pour enfin imprégner d’immenses corpus produits au cours du XXe siècle (Barth, Balthasar, Rahner, etc.). 

Pour cette séance, deux exemples non-théologiques mais proches de la sphère religieuse, à savoir l’historien de l’environnement William Cronon (dans une série d’articles) et l’historien Carlo Ginzburg (dans le Sabbat des Sorcières) seront étudiés. L’idée est de tenter de montrer comment Cronon ouvre par une dialectique originale entre « prophétie » et « parabole » la possibilité d’une analogie pour penser un « commun », et comment les puissantes analyses morphologiques de Ginzburg en proposent une mise en œuvre géniale. Il sera également montré comment ces deux témoignages indiquent autre chose qu’un mouvement de « montée en généralité », mais de « descente vers le commun », et vers un « sol » particulièrement dense. Puis, il sera montré comment ces analogies en histoire entrent en résonnance avec un modèle particulièrement puissant d’analogie (analogia proportionis, ou attributiva) que l’on trouve déployé dans la théologie médiévale non-nominaliste d’un Thomas d’Aquin (dans la Summa Theologiae), par exemple, pour penser un genre de commun (à savoir, la communion de réalités distinctes: Dieu et les êtres du monde, mais également entre les disciplines, etc.), et comment elle s’y distingue de la métaphore et des autres tropes du discours. L’analogie apparaîtra alors comme un « langage du commun » ou, pour reprendre une formule magnifique du théologien réformé Karl Barth, une « description de la communion » (die Bezeichnungder Gemeischaft) : pour se proposer, avec ses critères, comme un opérateur de passage raisonné entre des mondes et des discours qui, sans aucun doute, ont plus en commun qu’ils ne le croiraient de prime abord.

 

P. Olric de Gélis est l’auteur d’une thèse sur le concept de vérité chez le théologien Karl Barth (1886-1968). Il a écrit divers articles sur Paul Ricoeur, Gustav Siewerth, ou Teilhard de Chardin, ainsi que sur la notion de «conversion écologique ». Depuis 2020, il est directeur du Pôle de Recherche du Collège des Bernardins.

L'équipe de la chaire s'est mise en ateliers d'écriture en vue de la publication des résultats de la recherche. L'activité du séminaire reprendra au début de l'année 2024.

(Re)vivez la journée d'étude - Explorer les formes du visible. Lectures croisées de Philippe Descola - 8 juin 2022

Cette journée d’étude de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins a proposé de discuter avec l’éminent anthropologue, Philippe Descola, de son dernier ouvrage, Les formes du visible, paru aux éditions du Seuil (2021), en faisant dialoguer philosophes, théologiens, historiens, historiens de l’art et anthropologues.

La figuration n’est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l’on perçoit ou imagine, et l’on n’imagine et ne perçoit que ce que l’habitude nous a enseigné à discerner.

La parution du dernier ouvrage de Philippe Descola est l'occasion d'explorer les chemins par lesquels nous structurons notre manière d'habiter le monde en fonction de notre appartenance à l'une des quatre régions de l'archipel ontologique définies par l’anthropologue : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme.

Cette journée d'étude se propose de discuter la richesse et la diversité d'un livre qui, tout en posant les fondements d’une anthropologie de la figuration, invite à « provincialiser » l'art occidental. Il s'agira de dresser un premier bilan de la réception de l’ouvrage, Les formes du visible, d'esquisser les perspectives plurielles ouvertes par Philippe Descola pour repenser la plasticité des formes de figuration et la puissance d'agir des images, mais aussi de réfléchir à la manière dont ces dernières révèlent de multiples formes d’« être-au-monde ».

Journée d’étude sous la co-direction de Grégory Quenet, historien de l’environnement, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay; titulaire de la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre, du Collège des Bernardins, P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins et P. Frédéric Louzeau, théologien.

(Re)vivez le colloque en vidéo

INTRODUCTION

Par Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins ; historien de l’environnement, professeur des universités, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (Paris-Saclay)
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CONFÉRENCE
LES FORMES DU VISIBLE. UNE ANTHROPOLOGIE DE LA FIGURATION : PRESENTATION D’UNE RECHERCHE

Philippe Descola, anthropologue
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PANEL 1

Président de séance : Arnauld Pierre, professeur en histoire de l'art contemporain, Centre André Chastel Sorbonne Université, Paris

CONFÉRENCE
RENDRE SENSIBLE LES POINTS DE VUE DES AUTRES QU'HUMAINS

Estelle Zhong Mengual, historienne de l’art
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CONFÉRENCE
FLUIDITÉ DES IMAGES

Jérémie Koering, professeur d'histoire de l'art moderne, Université de Fribourg
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TABLE RONDE

Avec les intervenants et Philippe Descola
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PANEL 2

Président de séance : P. Frédéric Louzeau, théologien, directeur de la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins

CONFÉRENCE
LES ‘MACHINES CÉLIBATAIRES’ : TABLEAUX DE LA PARENTÉ HUMAINE AVEC LES MACHINES CHEZ DUCHAMP, PICABIA ET DE CHIRICO

Arnauld Pierre, professeur en histoire de l’art contemporain, Centre André Chastel Sorbonne Université, Paris
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CONFÉRENCE
LES CONDITIONS DE LA VUE EN NATURALISME: UNE ÉCOLOGIE DES MUSÉES

Grégory Quenet, titulaire de la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins; historien de l'environnement, professeur des universités, Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines (Paris-Saclay)
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TABLE RONDE

Avec les intervenants et Philippe Descola
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PANEL 3

Président de séance : P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche et de la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins

CONFÉRENCE
COMPLÉTER ET ACCOMPLIR LE MONDE. UNE RÉCEPTION THÉOLOGIQUE DES FORMES DU VISIBLE

Maxime Deurbergue, historien de l'art; docteur en théologie dogmatique
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CONFÉRENCE
QUEL ANALOGISME POUR L’ART MÉDIÉVAL ?

Pierre-Olivier Dittmar, historien, maître de conférences à l'EHESS, membre du Groupe d'Anthropologie Historique de l'Occident Médiéval (GAHOM)
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TABLE RONDE

Avec les intervenants et Philippe Descola
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Présentation des intervenants

Maxime Deurbergue, est normalien, ancien enseignant d'histoire de l’art à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et docteur en théologie dogmatique (Sa thèse porte sur la manifestation de l’invisible de la chair du Christ, fondement théologique des images). Il interroge pour son intervention, la place du christianisme dans le livre de Philippe Descola.

Pierre-Olivier Dittmar est maître de conférences à l'EHESS. Il est co-rédacteur en chef de Techniques & Culture. Maître de conférences à l'EHESS, ses travaux portent sur les interfaces avec les non-humains au cours d'un long Moyen Âge, qu'il s'agisse des animaux, des invisibles ou des artefacts.

Quelques publications :

  • Avec Gil Bartholeyns et Vincent Jolivet, Image et transgression au Moyen-âge, PUF, septembre 2015
  • Avec Monique Bourin et Gil Bartholeyns, Image des soi dans l’univers domestique : XIIIe-XVIe siècle, septembre 2018

Jérémie Koering est professeur d'histoire de l'art moderne à l'université de Fribourg (CH). Ses travaux portent à la fois sur l'art de la Renaissance dans ses dimensions politique et poétique et sur l'épistémologie de l'histoire de l'art.

Quelques publications :

  • Caravage, juste un détail, Institut national d’histoire de l’art, février 2019
  • Les iconophages, Actes sud, avril 2021

Arnauld Pierre est professeur en histoire de l'art contemporain à Sorbonne Université et chercheur au Centre André Chastel depuis 2006. Son domaine de recherche englobe les sources et l'imaginaire de la modernité considérée dans le champ élargi de la culture scientifique et visuelle.

Quelques publications :

  • Francis Picabia. La peinture sans aura, éditions Gallimard, octobre 2002
  • Futur antérieur, Les presses du réel, mars 2012
  • Maternités cosmiques. La recherche des origines de Kupka à Kübrick, Hazan Eds, septembre 2010

Grégory Quenet est agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne sous la direction de Daniel Roche (Collège de France). Il est l’un des pionniers de l’histoire environnementale en France.

Quelques publications :

  • Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, éditions Champ Vallon, 2005
  • Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? éditions Champ Vallon, 2014
  • Versailles, une histoire naturelle, éditions La Découverte, 2015

Estelle Zhong Mengual est normalienne et docteure en histoire de l’art. Elle enseigne à Sciences Po Paris et aux Beaux-Arts de Paris, où elle est titulaire de la chaire "Habiter le paysage" – l’art à la rencontre du vivant.

Ses recherches portent sur les relations que l’art, passé et présent, entretient avec le monde vivant. Elle travaille notamment à l’élaboration d’une histoire environnementale de l’art, qui propose un nouveau régime d’attention à la représentation du vivant dans l’art, à partir des outils des humanités environnementales et des sciences naturelles les plus contemporaines.

Quelques publications :

  • Apprendre à voir. Le point de vue du vivant, Actes sud, juin 2021
  • Peindre au corps à corps. Les fleurs et Georgia O'Keeffe, Actes sud, septembre 2022

Interviews vidéos

  • Maxime Deurbergue, historien de l’art, doctorant en théologie dogmatique
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  • Estelle Zhong Mengual, historienne de l’art
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  • P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de recherche et de la chaire Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins
    Visionnez

Retour en images

Descola 6
Pierre-Olivier Dittmar et Estelle Zhong Mengual - ©Laurent Ardhuin
Descola 1
Table ronde - ©Laurent Ardhuin
Descola 2
Arnauld Pierre - ©Laurent Ardhuin
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Grégory Quenet et Philippe Descola - ©Laurent Ardhuin
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Père Olric de Gélis et Pierre-Olivier Dittmar - ©Laurent Ardhuin
Descola 5
Table ronde - ©Laurent Ardhuin
Descola 6
Pierre-Olivier Dittmar et Estelle Zhong Mengual - ©Laurent Ardhuin
Descola 1
Table ronde - ©Laurent Ardhuin

Pour aller plus loin

  • Philippe Descola, Les images peuvent-elles changer le monde ?, Arte, 16 septembre 2021
    Écoutez
  • Les mondes de Philippe Descola, France Inter, 31 mars 2022
    Écoutez
  • Philippe Descola : « C’est l’invention d’une nouvelle manière de figurer le monde », France Culture, 8 janvier 2022.
    Écoutez
  • Avec Philippe Descola, Figuration et défiguration du monde, France Culture, 7 septembre 2021.
    Écoutez
  • Avec Philippe Descola, Être présent au monde, France Culture, 22 février 2021.
    Écoutez

Études de terrain

L'enjeu des visites de terrain est de réapprendre et de refonder un art de l'observation et de la description du terrain, une méthode de redécouverte du sol et du territoire.

Zone Atelier d'Armorique (Territoires de Rennes) - Du 5 au 9 juillet 2021 - Premier séjour d'étude de terrain avec une équipe pluridisciplinaire de la chaire, de quinze chercheurs et doctorants, avec des chercheurs de l'OSUR, Rennes 1 et 2, CNRS, observateurs des "Zones critiques" et "Zones ateliers".

Domaine national de Chambord - Vendredi 12 novembre 2021 - L'objectif de la journée a été de comprendre le lieu dans toutes ses dimensions, environnementales, sociales et culturelles. Ce lieu ne relève ni du sauvage, ni de l'exploitation, mais d'une forme de coexistence très particulière entre humains, animaux et biodiversité. Cette journée a permis de saisir comment le domaine de Chambord a été pensé et géré autrefois, et comment il fonctionne aujourd'hui en incluant toutes les dimensions qui sont habituellement séparées (la chasse, les potagers, le vignoble, le spectacle de la nature...)

Domaine de Rambouillet - Vendredi 3 juin 2022. La visite a permis de revenir sur la dense histoire des lieux depuis le XVIIIe siècle et de croiser les approches avec les enjeux contemporains autour du patrimoine, de l'agriculture-élevage, de la chasse et de la forêt. Ceci dans l’esprit des travaux de la Chaire pour laquelle « tout est lié ».

Domaine de Rambouillet - Vendredi 3 juin 2022. La visite a permis de revenir sur la dense histoire des lieux depuis le XVIIIe siècle et de croiser les approches avec les enjeux contemporains autour du patrimoine, de l'agriculture-élevage, de la chasse et de la forêt. Ceci dans l’esprit des travaux de la Chaire pour laquelle « tout est lié ».

Domaine de Rambouillet 2
Domaine de Rambouillet ©D.R
Zone Atelier d’Armorique 1
Zone Atelier d’Armorique © D.R
Zone Atelier d’Armorique 2
Zone Atelier d’Armorique © D.R
Domaine national de Chambord 1
Domaine national de Chambord © D.R
Domaine national de Chambord 2
Domaine national de Chambord © D.R
Domaine de Rambouillet 1
Domaine de Rambouillet ©D.R
Domaine de Rambouillet 2
Domaine de Rambouillet ©D.R
Zone Atelier d’Armorique 1
Zone Atelier d’Armorique © D.R
Ateliers Où atterrir ?

Les Ateliers Où atterrir ? s'inscrivent dans le projet de la chaire Laudato si'. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins et sont en lien avec le Consortium Où atterrir ? dont le directeur scientifique était, le philosophe et anthropologue, Bruno Latour. Ils proposent à des collectifs un exercice d'auto-description de leurs conditions d'existence pour articuler le "cri de la terre et des pauvres".

En savoir plus.

(Re)vivez le colloque conclusif de la chaire - Pour une espérance terrestre - 27 et 28 mai 2024

Comment passer d’une conversion écologique que chacun peut opérer à un changement de monde qui embarque les sociétés et leurs institutions ? Les obstacles structurels et circonstanciels sont connus, les expérimentations locales et situées nombreuses, mais que signifie un basculement anthropologique qui ferait entrer les sociétés humaines dans une nouvelle conception de la Terre prenant en considération toutes les entités qui la composent ? Parvenir à formuler les expressions de ce basculement anthropologique est l’un des enjeux de ce colloque conclusif de la chaire "Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre du Collège des Bernardins"(2021-2023).

Avec les interventions de : Veronica Calvo Valenzuela (docteur, IEP), Matthieu Duperrex (philosophe), François Hartog (historien), P. Olric de Gélis (théologien), Jérôme Gaillardet (géochimiste), Grégory Quenet (historien de l'environnement), Catherine Larrère (philosophe), Florian Louis (historien), Michaël Löwy (sociologue), Michel Lussault (géographe), Nathalie de Noblet (bio-climatologue), Alexandra Novosseloff (docteur en sciences politiques), Fabien Revol (théologien), Michel Roy (secrétaire général de Justice et paix), Christian Thibault (directeur du département. Environnement urbain et rural), Camille de Toledo (écrivain, juriste).

Retrouvez les interventions du colloque conclusif en audio, en cliquant ici

Interviews et articles

GRÉGORY QUENET, INTERVIEW

ANNE-SOPHIE BREITWILLER, INTERVIEW

En cliquant ici

NATHALIE DE NOBLET, INTERVIEW

En cliquant ici

JÉROME GAILLARDET, INTERVIEW

En cliquant, ici

LA REVUE, LE GRAND CONTINENT, ARTICLE

Grégory Quenet et Olric de Gélis, Le multilatéralisme d'en bas : une diplomatie pour la Terre