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Art et Culture

"Aujourd’hui tout est culture !" Alain Finkielkraut

Publié le
20/7/23

La culture est en crise. Comment la soigner alors même que ce qui fonde notre capacité à dire le monde - le sens des mots - est affaiblie? Avec le philosophe et académicien Alain Finkielkraut, le dramaturge Valère Novarina et le Père Frédéric Louzeau, professeur de théologie à la Faculté Notre-Dame et directeur du pôle de recherche du Collège des Bernardins entre 2014 et 2020.

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Les mots en question

La crise qui nous frappe est avant tout une crise de mots. Ce sont eux qui définissent le sens que nous donnons au monde et qui nous permettent de le construire ensemble. Or, leur fragilité actuelle remet en question notre capacité à nous parler. Dès lors, comment élaborer une parole collective à la hauteur de notre époque ?  

Malaise dans la culture

L'idée selon laquelle la culture et la raison européennes sont en crise n'est pas si nouvelle. Elle était déjà adressée au début du siècle dernier par des protagonistes aussi divers que les surréalistes, l'École de Francfort ou Edmund Husserl dans Krisis. Mais notre époque paraît singulièrement fragile quant à sa capacité à produire du sens. Beaucoup l'identifient comme un temps de confusion sémantique et d’éclatement.

« En voulant justifier les actes considérés jusque-là comme blâmables, on changea le sens ordinaire des mots : l’audace irréfléchie passa pour un courageux dévouement à l’hétairie ; la précaution prudente pour une lâcheté qui se couvre de beaux dehors » Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, Livre III, LXXXII, 4-8

Le mot lui-même est en question. Y-a-t-il encore une possibilité de produire un discours de vérité pour notre époque ? A la sortie de la Première Guerre Mondiale, Paul Valéry disait des civilisations qu’elles prenaient conscience de leur finitude. Les dernières décennies ont été l’occasion d’une nouvelle prise de conscience : la culture est, elle aussi, mortelle.

Notre époque paraît singulièrement fragile quant à sa capacité à produire du sens.

La culture européenne, une séquence historique ?

La culture, selon Milan Kundera, est née à la fin du Moyen-Âge à la suite de l’éclipse de la religion chrétienne en tant que force structurante organisant la vie de l’âme et de l’esprit. L’émergence de la raison analytique moderne au XVIIe siècle fut une deuxième étape. Aujourd'hui, la culture est en crise. Qu'est ce qui pourrait la remplacer, produire du sens, structurer nos vies et nos pensées ? S'agira-t-il du culturel, comme force uniformisatrice, au risque d'une standardisation du langage et donc de la pensée ?  

"La culture cède la place au culturel. Aujourd’hui tout est culture !" Alain Finkielkraut

Reconstruire la pensée

Comment la richesse de la civilisation européenne, liée à une forte capacité d’autocritique et de remise en question de ses paradigmes, peut-elle se préserver ?

Comment réinventer la critique comme possibilité d’ébranler les discours convenus et les idées reçues ?

Cela passe par une nouvelle réflexion sur notre rapport aux mots et au langage. Leur renouvellement est un enjeu fondamental pour continuer à produire une pensée dynamique et critique et sortir d’une période de confusion générale du sens.

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